L'okimono : décoratif par essence

Objet décoratif par excellence, l’okimono japonais se veut comme un pur objet décoratif. La création de ces objets uniques est bien plus tardive que les netsuke, et débute, au plus tôt, à la toute fin du XVIIIe siècle tandis que l’ère Meiji (1868 – 1911) marque véritablement leur âge d’or. Les motifs décoratifs puisent dans le répertoire mythologique nippon qui séduit davantage les Européens que les Japonais du début du XXe siècle. Virtuosité, multiplicité des détails et humour président à leur exécution.

Sur notre okimono en ivoire, tout est ici réunit pour offrir au regard une remarquable sculpture en ivoire où le bestiaire animalier mythologique et commun du Japon est développé de manière amusante sur une pièce de petite taille. Si le crapaud à trois pattes est un des animaux mythologiques les plus auspicieux de la culture nippone, leurs homologues à la physionomie ordinaire ne sont pas pour autant méprisés.

Okimono japonais en ivoire, XIXe siècle.

Le crapaud japonais, la richesse assurée !

Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, les crapauds sont synonymes de prospérité et de richesse. Le mot kaeru qui les désigne est homophone de « retour » ou de « revenir à la maison ». Raison pour laquelle les voyageurs portèrent longtemps sur eux des amulettes à forme de batracien, favorisant leur retour sain et sauf au foyer après un long voyage.

Enfin, le jeu de mots japonais maniant habilement les deux sens du mot kaeru laisse augurer le meilleur au propriétaire d’un ou de plusieurs crapauds soit d’ivoire comme le notre soit véritable et bien vivant, car :

« La richesse et la fortune reviendront (kaeru) partout où il y a un crapaud (kaeru). »

Un adage qui ne va pas de soi pour les Occidentaux, trouvant peu ragoûtant cet animal !

Okimono japonais en ivoire, XIXe siècle.

Un travail tout en délicatesse

Outre sa sympathique symbolique, on appréciera la délicatesse et la finesse de la sculpture de notre okimono. 

Plusieurs écoles marquèrent l’histoire de Tokyo dans le domaine des okimono mais les artistes ne signèrent pas systématiquement leurs œuvres bien que la plupart de ces ateliers créèrent des objets de très belle qualité. 

Notre okimono ne démérite pas et relève sans doute du travail d’un artisan japonais talentueux. Les motifs entremêlés et la minutieuse attention aux détails, sans même parler de son sujet, en font un okimono digne d’intérêt.

On appréciera notamment le rendu de la peau granuleuse ou bien les tiges épineuses en opposition à l’aspect doux et lisse des fleurs de lotus. La dextérité et le talent du sculpteur s’expriment également dans les différentes positions des animaux dont on admirera, surtout, le rendu très naturel.   

Marielle Brie de Lagerac
Historienne de l’art pour le marché de l’art et les médias culturels.
Auteure du blog Objets d’Art et d’Histoire