Paire de coupes en bronze doré et émaux. Barbedienne, XIXe siècle

Montées sur des griffons, ces coupes en bronze doré dont les fond et pieds sont ornés d’émaux, sont emblématiques de la seconde moitié du XIXe siècle. Le grand intérêt porté au patrimoine – notion nouvelle au sortir de l’Ancien Régime – passionne les érudits et les cercles aisés de la société. Les subtilités du gothique sont révélées par Viollet-le-Duc, celles du roman et de ses créatures merveilleuses par Paul Abadie fils et c’est tout un courant de relecture de ces styles qui se fait jour. On replonge dans un passé – encore fantasmé – et l’on fait ressurgir les techniques anciennes, en particulier les émaux. Ferdinand Barbedienne ne s’y trompe pas !
Tout cela se mêle aux goûts du temps et personne n’est étonné de voir s’y mêlé un style japonisant (qui recouvre alors autant les productions chinoises que japonaises). Nos coupes en parfait état en sont la parfaite illustration : les émaux sont à la fois le souvenir de ceux de Limoges autant qu’une évocation évidente des cloisonnés chinois. Les griffons romans se substituent aux caryatides du style néoclassique du début de siècle et l’usage de ces coupes répond à la mode du temps. Sans doute, on y disposa quelques pots-pourris, de l’eau parfumée ou peut-être même des pastilles de fumigation. Car ces objets servent souvent à parfumer les intérieurs aussi bien qu’à orner les cheminées !