Enfin de retour à La Rochelle, cette signature respire à nouveau le parfum des embruns ! Un temps oublié, Albert Tibulle Furcy de Lavault, que la concision réduit à Furcy de Lavault, fut un peintre en son temps encensé. Il n’est qu’à lire les éloges qu’on fit de son œil et de son œuvre dans les catalogues des innombrables expositions auxquelles il participa partout en France.
L’ambition nationale n’était pas prétentieuse si l’on en juge le talent de cet artiste dont les ancêtres, aussi lointains que nobles, s’étaient installés en Aunis au XIIIe siècle. Si ses parents vivaient chichement, sans doute un peu du raffinement de leurs aïeuls coulait encore dans leurs veines puisque d’un ferblantier et d’une lingère naquit en mars 1847 un artiste talentueux à la palette riche et à la touche assurée.
Le jeune homme apprend le dessin au collège de Saintes mais se voit employé comme peintre en bâtiment. Puisqu’à toute chose malheur est bon, un saturnisme aussi fâcheux qu’opportun lui imposa la fin de la peinture murale pour s’en retourner vers celle de chevalet. À 27 ans, il exposa pour la première fois à Bordeaux, tâtonnant entre l’influence de Corot – dont il fut peut-être l’un des rares élèves – et celle de Daubigny, avant de se révéler comme peintre naturaliste hors pair. Aujourd’hui, nous le connaissons davantage pour ses remarquables compositions de fleurs et de fruits pour lesquelles Furcy de Lavault fait montre de solides connaissances botaniques et d’une aisance admirable dans l’élaboration de sa palette. Notre tableau est pourtant la preuve que ce peintre charentais, pour avoir le goût des fruits de saison, avait aussi celui des fruits de mer. Car ce retour de pêche alléchant doit toute sa saveur à la virtuosité du peintre. Sa maîtrise savante de la lumière rend avec délicatesse les différentes matières, de la transparence du verre à l’ébréchure de cette jatte en terre, tandis que son observation naturaliste peint avec justesse huîtres, moules et crevettes dont on pourrait compter les pattes sans qu’il en manque une ! En mars 1882, Furcy de Lavault devint le conservateur du musée de La Rochelle mais continua de peindre assidûment. Sans doute, notre tableau est le souvenir d’un quotidien qui plaça notre peintre aussi bien près des cimaises que des carrelets…
Marielle Brie de Lagerac
Historienne de l’art pour le marché de l’art et les médias culturels.
Auteure du blog Objets d’Art et d’Histoire
L'auteur, pour la Maison Pipat :
Marielle Brie est historienne de l’art pour le marché de l’art et de l’antiquité et auteur du blog « Objets d’Art & d'Histoire ».
Autres ressources et documentations
18 mars 2025
Le mobilier en verre de Murano
Depuis le début du XXe siècle, les verriers Murano explorent de nouveaux horizons. Après les luminaires classiques et l'art décoratif, le verre Murano habille désormais le…
3 février 2025
La Foire de Chatou
Rendez-vous incontournable des amateurs d’antiquités et des amoureux du patrimoine français et plus largement européen, la Foire de Chatou est une institution aux origines…
11 janvier 2025
Les objets de curiosité
Rares, insolites, uniques ou mystérieux, les objets de curiosité captivent les esprits et suscitent l’admiration des collectionneurs.
16 décembre 2024
Le mobilier scandinave
Régulièrement, le mobilier scandinave revient sur le devant de la scène. Preuve que depuis son âge d’or au XXe siècle, il a su se faire une place de choix dans l’histoire de l’art…
18 novembre 2024
Un triton en bronze d’après les sculptures de François Girardon (1628 – 1715) à Versailles
Cet élément de fontaine est d’autant plus admirable qu’il est sculpté d’après les chefs d’œuvre du Bassin de la Pyramide, sur le parterre de l’Aile du nord du jardin de…
21 octobre 2024
Étagère bibliothèque Tyco, par Manfredo Massironi, pour Nikol International
Pure création des recherches de l’art optique dans les années 1960, l’étagère bibliothèque Tyco imaginée par Manfredo Massironi invite le spectateur à animer quotidiennement…