Emmanuel Fougerat : une vie dédiée à l'art

Emmanuel Fougerat né en 1869 à Rennes s’orienta très jeune vers une carrière artistique. Adolescent, il devient élève de l’École régionale des beaux-arts de Rennes et suit un parcours somme toute classique en accompagnant sa formation de peintre de la fréquentation de maîtres reconnus tel qu’Albert Maignan (1845 – 1908) ou Jean-Paul Laurens (1838 – 1921), très réputé pour ses peintures d’Histoire.

S’il peint toute sa vie, il choisit néanmoins de suivre une carrière plus formelle qui le mènera au poste de directeur de l’École supérieure des beaux-arts de Nantes. Il sera également le fondateur et le conservateur du musée des beaux-arts de cette même ville avant d’être nommé, en 1912, chevalier de la Légion d’honneur ; une reconnaissance méritée de son travail de recherche en faveur de la culture et de l’histoire de l’art.

Car Emmanuel Fougerat fut aussi un remarquable historien de l’art, développant à travers plusieurs ouvrages les œuvres des peintres Albert Besnard, Paul Baudry, Eugène Carrière, Théodore Chassériau ou Camille Corot, pour ne citer qu’eux. Parallèlement à cette carrière institutionnelle et érudite, il demeura fidèle à ses premières amours, peignant lui-même toute sa vie et bénéficiant d’une certaine reconnaissance puisqu’il exposa jusqu’en 1945 au Salon des artistes français.

Huile sur panneau signée Emmanuel Fougerat, XXe siècle.

Son œuvre se compose essentiellement de scènes de genre, de portraits et de nus. Néanmoins, il est à noter la qualité de ses nus féminins. Porté par le classicisme de ce sujet, Fougerat parvient à s’en distinguer par une remarquable maîtrise technique. Son style hérité de l’impressionnisme ajoute un sfumato évoquant étrangement le célèbre Hammershøi (1864 – 1916). Les tableaux de Fougerat, tout comme ceux du maître danois, dépeignent une atmosphère silencieuse, profonde et mystérieuse.

Huile sur panneau signée Emmanuel Fougerat, XXe siècle.

Une peinture délicate et feutrée

Fougerat place le spectateur dans une situation singulière et nous sommes en droit de nous interroger : s’agit-il d’un modèle ou d’une scène véritable ? Sommes-nous les voyeurs d’une scène intime ou les spectateurs privilégiés d’une séance de pose à l’atelier ? Les œuvres de Fougerat sont empruntes de silence et les lumières timides qui éclairent ses tableaux sont celles des fin d’après-midi d’hiver.

Le choix insolite et récurrent de représenter les modèles de dos rappelle étrangement les partis pris d’Hammershøi. Ce dernier se rendit à Paris en 1889. Peut-être notre peintre admira-t-il le travail du Danois à cette occasion ? 

Nu au miroir. Huile peinte par Emmanuel Fougerat, XXe siècle © L'Atelier des Artistes
Nu de dos signé Emmanuel Fougerat, XXe siècle.

Toute sa vie, Fougerat fut un peintre sensible aux ambiances feutrées. L’influence du peintre Camille Corot (1796 – 1875) sur l’œuvre duquel il travailla longtemps, sa connaissance des techniques et des subtilités de composition des peintres du XIXe siècle eurent sans doute sur lui beaucoup d’effets.

Naturellement, le spectateur attentif retrouve à travers toute l’œuvre d’Emmanuel Fougerat, ces tableaux intimistes et souvent de petites dimensions. Le notre est en ce sens un exemple remarquable et d’une grande sensibilité.

Huile sur panneau signée Emmanuel Fougerat, XXe siècle.

Marielle Brie
Historienne de l’art pour le marché de l’art et les médias culturels.
Auteure du blog Objets d’Art et d’Histoire